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Face à la désertification médicale, Aulnay mise sur les téléconsultations

le 01 septembre 2019

Trois mallettes vont bientôt être mises à disposition des infirmiers libéraux de la ville pour réaliser des téléconsultations depuis le domicile du patient.

La médecine se modernise à Aulnay-sous-Bois. La municipalité (LR) va investir 28 000 € dans trois mallettes. Celles-ci permettent de réaliser des téléconsultations au domicile des patients, avec des médecins généralistes de la ville. À l’intérieur : un écran, une imprimante thermique, des stéthoscopes, otoscope et dermatoscope connectés.

Distribuées par la start-up Healphi, basée à Marseille (Bouches-du-Rhône), elles seront mises à disposition des infirmiers libéraux en fin d’année.

«Les infirmiers seront présents pendant la consultation, souligne Tarik Mouamenia, cofondateur de l’entreprise. Cela va faciliter la tâche du médecin. Mais, un patient seul, face à l’écran, ne saura pas effectuer tous les gestes nécessaires.»

La présence de l’infirmier est une différence avec la solution expérimentée dans les pharmacies de Montreuil et Noisy-le-Grand.

«Simplifier l’accès aux soins »

Le projet a été piloté par Annie Delmont-Koropoulis, sénatrice de Seine-Saint-Denis, et, conseillère municipale à Aulnay. «Nous voulons, à la fois, répondre à la désertification médicale, mais aussi, simplifier l’accès aux soins, et, désengorger les urgences, qui traitent trop de «bobos», notamment à l’hôpital Robert-Ballanger», espère-t-on dans son entourage.

Selon les derniers chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS), 37 communes, sur les 40, de la Seine-Saint-Denis, manquaient de médecins en 2018. Et, d’après l’Union régionale des professionnels de santé (URPS), la moyenne départementale, en 2017, était de 54,6 médecins généralistes, pour 100 000 habitants, contre 71,7 en Ile-de-France.

Les infirmiers s’interrogent

Les infirmiers libéraux de la commune se sont réunis pour la première fois, au début de l’été.

« L’idée de la mallette est excellente, s’emballe Corinne Lhuillier, 57 ans, infirmière depuis une trentaine d’années. À Aulnay, le nombre de médecins baisse invariablement. Et certains patients ne sont plus en capacité de se déplacer chez leur docteur. »

Marc Mantilla, arrivé dans la commune, il y a un an, pense que la solution va se confronter « à la réalité du terrain ». Cela part d’un bon sentiment, mais la consultation va nous prendre du temps…que nous n’avons pas», juge-t-il. «Aucune solution ne sera parfaite! Notre métier évolue, et, nous devons suivre le progrès», estime Corinne Lhuillier. Quant à Fatima Courrou, 33 ans, elle s’interroge sur la rémunération des infirmiers. «Pour les médecins, ce sera le même tarif qu’une consultation dans leur cabinet, mais pour nous?»

Le dispositif élargi à d’autres villes ?

Ce point reste à définir, comme celui du nombre de médecins volontaires. «Nous allons continuer à travailler avec la communauté médicale», confie-t-on, dans l’entourage de la sénatrice, qui espère étendre le dispositif à d’autres villes du département.

Dès la rentrée, une réunion se tiendra avec les autres maires de Seine-Saint-Denis pour leur présenter le projet.

Le Parisien – Par Victor Tassel