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Comment la start-up Healphi s’attaque aux déserts médicaux

le 20 décembre 2018

Healphi a débuté en juin 2017 en s’installant au Loft, l’espace de coworking situé sur le Vieux-Port à Marseille. La start-up qui développe une solution de télémédecine a trouvé un nouveau partenaire avec Obratori, l’accélérateur de l’Occitane installée au Castel à la Cité de l’innovation.

«On cherchait à lever des fonds depuis un an», explique Jean-Sébastien Gras, l’un des deux fondateurs de Healphi. « En septembre, on a rencontré Amaury Godron, directeur général d’Obratori, qui nous a proposé de nous accompagner », poursuit-il. La startup s’attaque aux déserts médicaux.

La jeune pousse a, non seulement, décidé d’emménager au Castel, mais, en plus, elle a trouvé un partenaire financier, pour réaliser sa levée de fonds. Le montant reste confidentiel mais il sera officiellement dévoilé à la finalisation du contrat dans quelques jours.

Une vingtaine de cabinets dans les déserts médicaux en 2019

Contrairement aux outils de consultation à distance « classiques », Healphi travaille avec des infirmiers, qui vont prendre les mesures du patient. «Le contact humain et l’expertise médicale restent indispensable, pour un suivi de qualité du patient», insiste Tarik Mouamenia, co-fondateur. Les malades viennent se faire ausculter par des infirmiers, qui communiquent, à un médecin, directement, en visio, les données relevées. Près de 80 % des consultations peuvent être réalisées, grâce aux nouveaux instruments connectés : stéthoscope, endoscope, thermomètre… Le médecin peut, ensuite, délivrer une ordonnance, par courrier ou par un mail sécurisé, au patient ou, directement, à la pharmacie. La consultation coûte 25 euros et est entièrement remboursée par la sécurité sociale.

Healphi remporte un prix au salon des maires

Les deux ingénieurs, qui ont lancé Healphi, ciblent les territoires désertés par le personnel médical. Ils démarchent directement les élus locaux, pour leur proposer ce service innovant.

L’installation d’un cabinet coûte environ 24 000 euros. La mairie, le Département ou la Région peuvent prendre en charge cette acquisition. Le député de la 4e circonscription du Loiret, Jean-Pierre Door, a été l’un des premiers à leur faire confiance. Ainsi, le trois premiers cabinet Healphi ont ouvert leurs portes, près de Montargis, en juin dernier. Et, quatre autres devraient suivre au début de l’année prochaine. «On a des demandes qui émanent d’un peu partout», se réjouit Jean-Sebastien Gras.

Début novembre, la start-up a remporté le prix de l’innovation au salon des maires lui offrant une belle publicité. De nombreuses régions, touchées par les déserts médicaux, sont, maintenant en contact avec Healphi: Bourgogne, Auvergne, Normandie, et, Grand Est… A la fin de l’année prochaine, l’entreprise espère compter au moins une vingtaine de cabinets.

Après les généralistes, les dermatologues et les cardiologues

Pour l’instant, Healphi ne propose que des consultations de généralistes. Mais, elle espère, bientôt, proposer des spécialistes, et, notamment, des dermatologues, et, des cardiologues. La start-up travaille, également, sur une mallette de télémédecine, qu’elle pourrait vendre aux professionnels de santé. «Même à Paris, les médecins ne se déplacent plus. Les infirmiers sont parfois obliger d’appeler une ambulance pour envoyer un patient à l’hôpital pour juste une ordonnance. C’est un coût exorbitant pour l’assurance maladie», avance Jean-Sebastien Gras. Elle essaye de miniaturiser les équipements, qui sont, actuellement, utilisés dans ses cabinets, pour faciliter le transport.

Pour ce faire, elle s’appuie sur des technologies existantes, développées par les plus grosses marques du secteur, comme l’américain Littmann. « On fait l’assemblage nous-même, et, on essaye de réduire, au maximum, son coût, pour la rendre accessible à tous », précise Tarik Mouamenia. Enfin, les deux associés vont créer une nouvelle filiale Healphi Formation pour les médecins et les infirmiers.

La startup affichera, pour sa première année d’exercice, un chiffre d’affaires de 150 000 euros. Elle espère dépasser les 500 000 euros l’an prochain. Grâce à son installation chez Obratori et à la levée de fonds en cours, elle va également agrandir ses effectifs. Trois chargés d’affaires vont rejojndre ses rangs dans les semaines qui viennent. Enfin, elle attend, impatiemment, l’évolution de la loi, pour la création d’un acte infirmier en télé-médecine. Ce qui permettrait de démocratiser sa solution auprès des professionnels, qui travaillent, pour l’instant, grâce à une dérogation de la part des agences régionales de santé.

Gomet’ – par Richard Michel